Pierre – Edouard WOELFFLE, dirigeant de l’Imprimerie Woelfflé : 190 ans d’excellence et d’innovations 

 

Votre imprimerie fondée en 1835, sous Louis Philippe 1er, se situe à Provy à deux pas de Valenciennes (59), racontez-nous votre histoire familiale.

 

L’imprimerie a été fondée en 1835, je suis la 5e génération d’imprimeur. Mon papa vient de prendre sa retraite après m’avoir partagé et transmis sa passion pour ce métier et pour cette entreprise transmise par mes grands-parents. En 1924, l’enseigne précisait « Ricouart & Woelfflé », les noms de famille de mes deux grands parents. A cette époque, l’imprimerie produisait surtout des carnets de comptabilité et des carnets à souche. Mon papa a repris l’entreprise familiale à la fin des années 70. Dès l’année 1982, il fait édifier un bâtiment de plus de 2000 m2 dans le prolongement du site historique, pour développer de nouvelles activités et diversifier le savoir-faire. On y explore d’autres techniques en marge de l’impression offset et de la découpe. Depuis dix ans, j’ai greffé d’autres services comme l’impression numérique, l’impression de grands formats et les découpes spéciales. Nous intégrons aussi une offre de graphisme et divers services liés à notre diversification. Tout est produit en interne, ce qui nous donne beaucoup d’agilité et de rapidité pour répondre aux demandes de devis et au suivi des projets.

Je travaille à l’imprimerie depuis bientôt vingt et un ans, je suis en charge de la veille innovation et de la gestion des achats depuis près de dix ans. J’ai développé le numérique et les petites quantités de tirages, ce qui nous a certainement sauvés durant la période de confinement et aux crises régulières que traverse notre secteur. J’ai officiellement repris l’entreprise familiale, en 2024. Dans ma quarantième année, je suis décidé à développer ce métier avec mon cœur. C’est un métier passion que j’apprécie vraiment.

Cette année, nous fêtons les 190 ans de la création de l’entreprise. Un événement spécial sera organisé pour notre clientèle en septembre, avec très certainement la visite de l’entreprise qui présentera le fonctionnement des machines et l’exigence des différents postes clés de l’imprimerie pour mieux partager notre métier et faire prendre conscience du processus de travail et de la qualité.

 

En qualité de jeune dirigeant, comment vivez-vous la transmission de l’entreprise familiale et comment avez-vous modernisé l’activité tout en préservant son identité ?

 

J’ai rejoint l’imprimerie à l’âge de 19 ans. Je connais bien l’équipe et les différents métiers.

Passionné d’innovation, nous avons franchi avec mon père une étape en nous équipant d’une première presse à impression numérique. Nous sommes dans la confiance et partageons beaucoup. J’ai tellement appris de lui. J’ai choisi la veille qui selon moi est le nerf de la guerre : veille innovation en Hollande et en Flandres, en plus des salons en France et en Allemagne. Nos voisins travaillent différemment, c’est très enrichissant. Ces observations et ces retours d’expériences m’offrent la possibilité de moderniser le parc de machines et des accessoires régulièrement. Je ne peux pas tout acheter ! Je suis vigilant à entretenir l’outil de production régulièrement sur l’ensemble du processus.
L’entreprise compte seize salariés, nous sommes soudés dans l’adversité et dans le partage.

Actuellement, je travaille à la nouvelle identité visuelle de l’imprimerie, je réunis des symboles du passé, comme le carré, et la lettre W.
A découvrir très bientôt sur les réseaux sociaux et sur le site internet de la société.

Du point de vue de l’offre, j’ai fait modifier une ligne de production en numérique pour tout produire en un seul tenant : on imprime, on façonne et on emballe. Cette solution nous permet d’être très réactifs et bien placés du point de vue économique.

Depuis huit ans, j’ai diversifié notre offre vers des tirages de grands formats, de la signalétique, des outils et des services en marge de l’édition, et cela marche !
Les équipements en place sont capables de produire durant la nuit – sans la présence d’un opérateur. Pour répondre aux projets événementiels, c’est parfait ! On enregistre une commande en fin de journée, elle est vérifiée, validée et disponible dès le lendemain matin.

Nous sommes sur un équilibre de 40% de CA en édition pure et 60% en solutions diverses liées à la diversification. Je vise un équilibre 50/50 en 2026.

Notre vision n’est pas la quantité, mais la petite série, du sur-mesure, et la qualité de fabrication et des services associés.

Du point de vue commercial, j’ai tissé un important réseau de proximité avec les sociétés du valençois et des Hauts-de-France. J’ai repris contact avec les clients de mon père, j’ai aussi rejoint des réseaux et des clubs de business pour rencontrer des partenaires et des clients potentiels de la région dont le siège national est à proximité de l’imprimerie. Cela nous permet de collaborer avec des compagnies nationales des secteurs immobilier, équipementier, banque (…) tout en privilégiant la relation et la proximité régionale. Les réunions mensuelles se déroulent dans des lieux d’exception avec des mentors connus très inspirants, c’est un environnement de développement agréable, qualitatif et très efficace.

Dans la région, nous accompagnons des agglomérations, des communes, des artisans et des commerçants. Cette nouvelle énergie a aussi boosté l’équipe de l’imprimerie. Nous sommes un acteur local, ancré, impliqué et fidèle dans ses relations. J’aime les choses simples. Quoi de plus naturel que de parler de son entreprise à d’autres entrepreneurs ancrés dans la région ? L’équipe y est sensible et est capable de déplacer des montagnes pour tenir les plannings et la qualité des services et des produits.

 

 

Le monde de l’imprimerie a beaucoup évolué avec l’arrivé de l’impression numérique. Quels sont les principaux défis auxquels vous faites face aujourd’hui et comment y répondez-vous ?

 

L’impression numérique est une vraie opportunité. Les machines sont performantes et offrent de nombreuses possibilités d’impressions qualitatives, mais surtout beaucoup de souplesse dans la gestion des quantités et des formats. On n’imprime pas 300 000, 400 000 exemplaires ! En revanche, on s’en sort très bien sur des quantités allant jusqu’à 30 000 – 40 000 unités. Le numérique, c’est l’avenir !
Le site de l’imprimerie propose les solutions d’impression offset et numérique, depuis près de dix ans.
Toute la chaine de l’impression se déroule au sein du même site, offrant de sérieuses économies du point de vue des délais de prise en charge des dossiers, de suivi, de réalisation et des coûts intermédiaires des services.

Notre particularité est de couvrir un large panel d’impression : carte pvc, carton d’invitation, brochure, signalétique de grand format, dorure, découpe spéciale, boite… Nous avons beaucoup de cordes à notre arc. Mais surtout, nous sommes très réactifs : une estimation projet est établie en moins de trois heures, un service interne est dédié à l’établissement des devis, exception faite des cotations qui impliquent des partenaires et/ou des sous-traitants, dans ce cas, il faut compter vingt quatre heures maximum.

La culture d’entreprise est aussi une réponse pour faire face aux défis du secteur de l’imprimerie : l’équipe est composée de seize personnes qui se connaissent bien, il y a une bonne entente générale, composée de confiance, de sérieux et de bienveillance.

Nous avons deux départs en retraite en 2026, je recherche des profils (graphiste et finition) qui pourront se glisser au sein de cette belle équipe et que nous formerons au métier. L’important est l’état d’esprit des gens.

Dans le cadre de notre activité impression sur PVC et impression des tickets de transport, où nous avions une position de leader sur le marché, mon père a identifié une crise importante à venir et a pris des décisions qui ont sauvé l’entreprise. En effet, avec la dématérialisation des titres de transport, et la fabrication de plus en plus externalisée à l’international, où nos prix de revient français ne sont pas compétitifs, nous avons choisi de rester fidèles aux clients qui poursuivaient l’impression de tickets, tout en réduisant les quantités d’impression (inférieures à 100 000 exemplaires). Nous avons depuis trente cinq ans choisi de les accompagner dans la transition en proposant l’impression sur carte pvc avec puce et sans puce. Un marché mondial, très concurrentiel dans lequel nous avons travaillé la niche de la prise en charge sur-mesure : nous imprimons des petites quantités mais surtout nos délais de fabrication sont très rapides. Nous pouvons imprimer et délivrer les cartes personnalisées sous quinze jours tandis que les autres imprimeurs internationaux proposent des délais de trois mois !

Avec la magnétisation, nous avons perdu des millions d’impression. Nous avons investi dans la puce intégrée (forfait de ski, badge pour soirée événementielle, hôpitaux, hôtellerie…).

On peut mettre en œuvre toutes les puces et imprimer jusqu’à 100 000 unités. Investir dans un rendement productif plus important n’était pas la bonne direction, cela représentait un investissement de plus d’un 1,5 million d’euros et aussi de se positionner sur un marché aux marges très sensibles.

 

 

Le secteur de l’imprimerie est souvent associé aux questions de préservation de l’environnement. Comment intégrez-vous le développement durable dans votre activité et quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?

 

L’imprimerie développe une culture d’entreprise forte, nous avons une équipe soudée pour laquelle les plannings et la diversité des missions ne posent pas de difficulté particulière.

Nous préservons la santé physique et mentale de l’équipe.
Dès 2008, nous avons installé des bacs dédiés au recyclage des papiers : tout repart en seconde vie. Les encres que nous utilisons en offset sont des encres végétales. Les machines pour l’impression numérique sont à basse consommation d’énergie. Le traceur HP latex ainsi que l’impression UV sont à base d’eau.

Aujourd’hui, les questions liées à la préservation de l’environnement et des hommes ne sont pas du tout une option dans le cahier des charges de nos clients. Les papetiers ont fait beaucoup d’efforts et d’innovation sur l’offre papier, il existe de très beaux supports. Il est par conséquent aisé de répondre aux attentes de nos clients sans limiter le rendu esthétique de leur graphisme.

 

 

Que souhaitez-vous dire à celles et ceux qui font vivre votre imprimerie depuis tant d’années : vos employé.e.s, vos clients et vos partenaires ?

 

Toute la chaine de l’impression se déroule au sein de notre imprimerie. Une équipe de professionnels impliqués et soudés est à votre écoute. Mon grand-père avait l’habitude de me répéter ce que ses clients lui disaient : « Chez Woelfflé, toujours bien fait, toujours parfait ». J’espère ne pas trahir cette petite ritournelle !

Garder à l’esprit de toujours cultiver les relations humaines, l’écoute et la proximité.