Durand Imprimeurs : un savoir-faire bicentenaire et une diversification dans l’étiquette autocollante

 

 

Nous vous invitons à découvrir le témoignage de Jean-Émile Durand, cogérant de DURAND IMPRIMEURS depuis 1982. Cette entreprise familiale perdure depuis cinq générations, Jean-Emile et son épouse, Marie-Aline, à ses côtés dans l’entreprise depuis vingt-deux ans, ont transmis leur passion à leur fils aîné, Pierre-Émile, sixième génération, responsable de la production.

Pourriez-vous décrire votre parc machines et son évolution ?

L’imprimerie créée en 1832 à Fécamp par Louis-Léopold Durand développe l’activité traditionnelle d’impression à la feuille et innove, en 1983, par la création d’une unité de production d’étiquettes adhésives.

Les acquisitions récentes sont une machine d’impression feuille 52 x 74, cinq couleurs, vernis acrylique (Heidelberg), une machine d’impression feuille 36 x 52 dédiée aux petits travaux de type carnets (Heidelberg), et enfin, en 2015, nous avons complété le dispositif avec l’achat d’une Kodak Nexpress, pour l’impression numérique des données variables.

Cette dernière a remplacé une Canon acquise en 2010. L’impression numérique a représenté une « révolution » dans notre entreprise reconnue dans le milieu de l’impression traditionnelle.

L’impression numérique est souple d’utilisation, on peut ajuster les quantités, produire du marketing personnalisé, une demande importante sur le marché. Cet équipement nous permet de répondre très fidèlement aux attentes des clients tant du point de vue de la personnalisation one to one que des quantités, hélas toujours plus restreintes que la commande précédente ! Cet équipement nous permet de fidéliser et aussi de recruter de nouveaux clients.

Cette nouvelle corde à notre arc offre de belles opportunités commerciales, tout en étant complémentaire à notre équipement traditionnel. Notre imprimerie couvre toute la chaine de façon- nage : assembleuse, encarteuse-piqueuse, presse de découpe, plieuse, massicot, colleuse, …

 

Comment se répartissent vos activités ?

Actuellement, l’offre globale se répartie équitable- ment 50/50 entre l’imprimerie à la feuille et l’impression des étiquettes adhésives en rouleaux. Pour l’impression des étiquettes, tout se fait en ligne, c’est très différent de l’impression à la feuille : on part d’une bobine et on délivre des produits finis. Ce matériel d’impression nous est fourni par la société CO-DIMAG, un fabriquant français remarquable.

Nous délivrons des étiquettes imprimées en cinq couleurs, avec vernis UV, et des finitions allant du gaufrage galbé, en passant par la dorure à chaud, les vernis sélectifs flexo ou la sérigraphique. Le produit fini sort dans son conditionnement, prêt à être expédié. Les machines mesurent plus de quinze mètres de long, c’est assez impressionnant ! Nous délivrons des millions d’étiquettes chaque année.

Ces deux activités sont complémentaires, elles fonctionnent de manière saisonnière garantissant une activité annuelle rentable et équilibrée pour l’organisation du personnel.

 

Comment s’est déroulée cette année de crise sanitaire ?

L’annonce du 17 mars 2020 a été un véritable choc. Une annonce si brutale. Un événement majeur totalement inédit. Nous avons maintenu l’activité et n’avons pas fermé l’entreprise. La dégradation du CA a été immédiate.

Une dégradation brutale liée au fait que cette période est habituellement réservée à l’impression de documents liés à l’activité touristique et culturelle. Cette année, pas d’affiche, pas de programme, pas de flyer. Rien. Le bilan de fin d’année dénonce une baisse de chiffre d’affaires de l’ordre de 4% sur l’ensemble de l’année.

Pourquoi ? Nous avons équilibré la baisse des impressions à la feuille par la production d’étiquettes : nous avons en effet bénéficié d’un développement de cette activité et aussi sous-traité des impressions pour des confrères localisés dans d’autres régions.

Notre entreprise est bientôt bicentenaire, nos familles ont survécu à trois guerres mondiales, des kraks boursiers,… nous devons rester sereins et ancrés, même si cette situation inédite ne nous offre aucune projection dans le futur. Cette crise nous apprend à gérer dans l’empressement, ce qui est très éloigné de notre culture d’entreprise.

 

Du point de vue de la gestion du personnel, comment vous êtes-vous adapté ? 

Nous nous sommes adaptés en restant agiles et en répondant à toutes les situations proposées par nos clients et prospects. L’activité partielle a été mise en œuvre dès le début de la crise sanitaire. Nous avons fait un entretien important du parc machines, puis nous avons suggéré des missions partielles et des congés. Nous avons dialogué avec le personnel et avons trouvé des solutions ensemble.

L’entreprise a perdu des recettes et les salariés ont perdu des revenus. L’important est que nous sommes parvenus à maintenir les vingt-cinq emplois que compte cette activité. Dans notre environnement professionnel très technique, il est important de maintenir ces postes à forte valeur ajoutée.

Nous tenons à cette équipe soudée, passionnée par le métier. L’équipe était très impliquée, les salariés prenaient régulièrement des nouvelles sur les commandes et les missions à venir, nous avions tous envie d’être utiles et pleinement présents. Nous avons beaucoup gagné sur la qualité des relations humaines. Cette crise nous a renforcés et nous sommes fiers d’avoir préservés ainsi les emplois.

 

Avez-vous été accompagné pour gérer cette crise ? Par qui et comment ?

Le GMI a été très présent, et nous a bien conseil- lés pour piloter à vue cette situation de crise. Nous avons vraiment apprécié leur accompagnement pour la mise en place de l’activité partielle. Les mesures proposées par l’Etat et nos banques ont aussi rapidement apporté de la souplesse pour diri- ger l’entreprise : – report des charges salariales (Etat), – report des crédits bancaires (Banques). Depuis 2021, nous avons mis à jour les emprunts et les dettes sociales pour ne pas prendre de retard et envisager l’avenir. L’Etat a vraiment bien géré son accompagnement aux PME – PMI. Je crains que le réveil de certains soit douloureux : beaucoup de sociétés fragiles se reposent sur les emprunts et les décalages de charges et n’auront sans doute pas les moyens de les rembourser…

Quels conseils et ajustements recommanderiez-vous ?

Je recommande le dialogue avec les équipes. La communication interne est essentielle, ainsi que l’entretien d’une relation avec les clients pour les rassurer et partager nos expériences. Je favorise aussi l’entraide avec mes confrères en qualité de sous-traitant particulièrement pour les étiquettes adhésives, cela permet de maintenir nos activités et nos emplois.

Quel message d’avenir souhaiteriez-vous délivrer ? 

Restons dans la fraternité, entretenons un esprit de solidarité dans notre profession. L’union fait la force. Cette force nous aidera à réveiller et à stimuler notre avenir.

 

Jean-Emile Durand

Co-gérant chez Durand Imprimeurs